Salut,
Installée au Québec depuis un peu plus de 14 ans maintenant, je pense que l’immigration n’est pas forcément accessible à tous. Ce n’est pas une décision à prendre à la légère, surtout si on embarque conjoint(e) et enfants dans l’aventure. Il y a beaucoup de choses à prendre en considération et il faut être suffisamment ouvert d’esprit pour s’adapter facilement et rapidement. Pour le Québec, par exemple, il ne faut pas s’imaginer arriver en terrain conquis sous prétexte qu’on y parle français et que les québécois ont un lien étroit avec la France (ancêtres français, échanges culturels…). Il faut garder à l’esprit que les québécois sont des nord-américains parlant français (et pas exactement le même français) et non des français vivant en Amérique du Nord. Ainsi, il ne faut pas s’attendre à retrouver la même mentalité qu’en France, les mêmes mœurs, les mêmes références culturelles, etc. Je crois que c’est l’une des principales erreurs que font certains français qui débarquent au Québec : à tout vouloir mettre à sa sauce, et ainsi imposer ses désirs, ses façons de faire et façons d’être, à des gens qui n’ont pas les mêmes habitudes et les mêmes procédures que nous, forcément ça n’aide pas pour l’intégration. Si vous arrivez en voulant réapprendre à parler le français aux québécois, par exemple, vous allez vous faire plus d’ennemis que d’amis et, comme dans certains témoignages, trouver les québécois peu accueillants, voire racistes (spécifiquement anti-français, mais avec raison !) Il ne faut pas oublier que lorsqu’on immigre, c’est à nous de nous adapter à notre pays d’accueil et non l’inverse. C’est sûr que la Délégation du Québec (et autres organismes encourageant les échanges France-Québec) vend souvent la belle qualité de vie au Québec mais se garde bien de souligner les aspects négatifs. Parce que, non, le Canada n’est pas l’Eldorado, un petit paradis, l’endroit parfait où vivre. Il y a des points positifs et des points négatifs, comme partout. Après, tout dépend aussi de ce qu’on recherche dans cette expérience, dans quel but nous nous expatrions. On part tous avec un bagage différent (un parcours de vie différent), des rêves et objectifs différents, et ainsi nous n’avons pas les mêmes perceptions et n’aurons pas les mêmes réactions face aux obstacles rencontrés. Il ne faut pas s’attendre à ce que la porte soit grande ouverte (et donc ne pas la défoncer non plus), à ce qu’on retrouve tout de suite le même boulot, le même niveau de vie (financièrement parlant), bref, la même routine que dans son pays d’origine. Si on part, c’est pour trouver quelque chose de nouveau, de différent, non ? Alors pourquoi cette manie de toujours tout comparer avec notre pays d’origine ? Oui, c’est naturel de comparer avec ce qu’on a connu jusqu’à maintenant, mais à un moment donné, il faut savoir lâcher prise; accepter que non, on ne retrouve pas forcément les mêmes produits dans le commerce (ou alors on en trouve mais pas au même prix), qu’il faut payer un peu plus cher si on veut manger de meilleure qualité, que ce n’est pas le même système de santé, ni le même système d’éducation, que l’hiver est plus long et plus froid, que le marché et les normes du travail ne sont pas les mêmes non plus. Franchement, vouloir tout quitter pour immigrer dans un pays juste parce qu’on y a passé 2 semaines de vacances extraordinaires, ce n’est pas très réaliste. Une immigration, ça se prépare psychologiquement et pas uniquement matériellement. Si on n’est pas prêt à faire des concessions, à mettre son orgueil de côté, accepter de recommencer en bas de l’échelle, alors c’est qu’on n’est pas prêt à s’expatrier. Point. En ce qui me concerne, j’ai quitté la France parce que j’avais une grande envie de changement, un besoin de bousculer mes habitudes, de vivre différemment. Depuis l’adolescence que je rêvais d’une expérience à l’étranger, au fil des années, c’est devenu plus qu’un rêve : un besoin. Je suis partie seule, avant qu’un autre événement (nouvelle rencontre, nouveau boulot, etc) ne risque de bouleverser mon projet. Et donc, je pense que c’est sûrement plus simple de partir jeune et seul(e) que d’entrainer sa famille avec soi. Les décisions de parcours sont plus faciles à prendre, les échecs (s’il y a lieu) moins lourds, l’apprentissage plus libre, etc. Je ne regrette pas mon choix, surtout quand je vois tout ce qui se passe en France; je n'ai pas envie de rentrer. Le plus dur est probablement l’éloignement familial (ça aussi, il faut y penser sérieusement avant de partir. Imaginez vos enfants qui ne verront plus aussi souvent leurs grands-parents, leurs cousins, etc). Pour le reste, on s’y fait. L’important, c’est de trouver un endroit où on est bien. Si ce n’est pas le cas, c’est que cet endroit n’est pas pour nous. Ce n’est certainement pas la faute des gens qui y vivent, de la neige, de la bouffe ou n’importe quelle autre chose différente de chez nous. Donc mettez bien tout ça dans votre mijoteuse avant de faire le grand saut, renseignez-vous, pesez les pours et les contres avant de le regretter et finir par blâmer votre (ex) pays d’accueil juste parce qu’il ne correspondait pas à vos attentes (comme le font beaucoup de français qui reviennent sans se remettre en question). Bonne chance dans vos démarches ! (car les procédures sont de plus en plus longues et coûteuses apparemment, donc mieux vaut être sûr que ça en vaille la peine)
22 juil. 2014 à 20:44
votre commentaire date de 2008!
Etes vous toujours au Quebec?
Je m'interresse beaucoup a ce pays, ma plus grande envie pour ne pas dire reve, serai d'y vivre!
Jaime votre commentaire positif malgrés les difficultées...
Merci de votre reponse, en espérant que vous etes tjrs active sur ce site "linternaute", afin d'echanger votre experience, vos conseils.
cordialement
27 févr. 2015 à 13:19