Cherche infos sur l'Inde du Sud
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3 réponses
Nous avons passé quelques jours en Inde de Sud en février dernier
Voici nos impressions et nos adresses d'hébergement pour vous donner quelques idées.
Bon futur voyage
Carnet de voyage
Inde
Février 2010
Kerala
Tamil Nadu
14 février 14h30
Fin du « Petit Nicolas » de Godard sur mon petit écran. Il fait très chaud dans l’avion de Qatar Airways et il me semble déjà que l’hiver est loin. Une lumière forte nous arrive de l’extérieur par les hublots. Nous survolons la mer Noire. Il serait peut-être sage de dormir car la nuit va être courte.
15h30
Quelques respirations contrôlées apprises au cours de yoga m’ont permis de me reposer. Le sommeil n’est pas pour autant venu. Peut-être dois-je encore digérer ce bon repas de vol (curry poulet, pour s’habituer) de la Saint Valentin.
Et quelle fête de prestige avec mon Valentin. Nous survolons la Turquie, bientôt, nous atteindrons la Syrie. Il fait vraiment très chaud dans l’avion. Impossible de s’imaginer qu’il y a quelques heures la neige nous faisait frissonner. Une ambiance orientale commence à nous saisir. Il est difficile de calmer mon esprit qui commence à se projeter vers de nouveaux horizons. Quel sera ce monde dont nous avons tant parlé ces derniers mois ? L’Inde, un voyage espéré il y a vingt ans. Un beau livre qui amenait au rêve avec ces belles couleurs, et puis l’idée s’était éteinte d’elle-même. Le voyage de Pierre l’an passé nous a à nouveau plongé dans ce monde intense et différent.
L’Inde, dans quelques heures, nous y serons.
Encore deux heures et nous serons à Doha.
DOHA 20h50
Notre deuxième avions s’envole pour Cochin. L’ambiance dans l’appareil n’est plus la même. Beaucoup d’Indiens autour de nous et beaucoup d’hommes ? Sont- ils des travailleurs de Qatar ? Pour notre voisin, c’est sûr. Nous le saurons car il nous demande de l’aide pour remplir sa carte d’information à la douane.
Le sommeil ne viendra pas car l’ambiance est plus bruyante.
Nous marchons donc dans l’aéroport de Cochin un peu ahuris par le voyage. L’endroit est propre et neuf. L’ambiance est calme. Pas de bruit, pas de bousculade
COCHIN 15 février.
Nous pensons bientôt pouvoir nous installer dans le Pick-up que nous a envoyé Bernard Bungalows. Mais avant, il nous faut récupérer nos bagages et, c’est sans compter sur la disparition du sac à dos de Patrick. Il n’arrivera jamais sur le tapis. Nous finissons par apprendre que le sac est égaré.
Beaucoup de temps et beaucoup de coups de tampons pour espérer le revoir demain.
Arrivés à trois heures trente du matin à Cochin, nous ressortons de l’aéroport vers cinq heures. Le taxi commandé n’est pas là.
Un taxi qui n’est pas de première jeunesse se charge de notre commission. Montée à l’arrière, j’essaie par automatisme de dérouler la ceinture de sécurité. Cela amuse beaucoup un groupe de chauffeur qui attend dehors à côté du véhicule. Un détail : la ceinture est cassée. Les sièges sont recouverts par de grosses serviettes éponges qui ont déjà longtemps servies.
Commence le chassé croisé avec d’autres véhicules. Les phares défilent, il fait nuit. Il faut faire confiance.
Nous croisons un accident. Les véhicules sont bien esquintés. Une foule s’est amassée. Où sont les passagers ?
Le long de la route, des hommes à pieds. Les phares les éclairent au dernier moment.
Ce devait être une pseudo autoroute car voici un péage, enfin deux hommes sur deux chaises qui prennent un billet au chauffeur.
Le long du trajet, parfois, des odeurs coupent ma respiration. Nous avons vu défiler les chantiers, beaucoup d’immeubles recouverts d’affiches publicitaires exposées dans l’anarchie.
Croisement plus insolite : sans ralentir, nous doublons deux éléphants. Ils portent des branchages. La voiture frôle les branches. En tendant le bras, Patrick pourrait toucher les pachydermes. Dans la nuit, ils sont deux masses sombres. Ils me paraissent énormes. Les fenêtres sont ouvertes et l’on entend le bruit de grosses chaînes entrechoquées.
Nous arrivons à Fort Cochin. En approchant de Bernard Bungalows (et en aidant notre chauffeur à trouver notre chambre d’hôtes) le quartier devient plus résidentiel même si sur la chaussée, les trous et déformations restent tout de même de rigueur.
Un problème de date de réservation va contrarier la propriétaire. Enfin, ceci nous permettra de réceptionner la chambre dès six heures trente.
Repos.
Petite matinée. Promenade le long de la mer. Voici les fameux filets chinois vus par tous les touristes. Aux abords, la vie indienne. Marchands ambulants, gens de la rue.
Nous retrouvons une ambiance paisible à Dal-Roti, petit restaurant, très propre et très bon prêt de Bernard Bungalows. La clientèle est essentiellement européenne. Le patron joue la convivialité et le prix est indien.
Le contexte est parfait pour moi. Vraiment, je ne me vois pas manger dans la rue, dans la poussière où une multitude de marchands propose de la nourriture locale. L’hygiène de nous ne correspond pas.
L’après-midi, nous déambulons dans le quartier de Fort Cochin. Nous nous égarons dans quelques ruelles défoncées, sans touristes. Parfois l’odeur est très forte et je suis obligée de la refuser. Les trottoirs sont défoncés et les égouts sont à l’air libre. Une multitude de mini boutiques se touchent. Tout se vend. Une diversité d’objets s’amoncelle. Ce ne sont pas les derniers modèles en vogue. Beaucoup d’objets semblent déjà avoir eu une longue vie ou plusieurs vies. Et pourquoi pas ? Ceci m’interroge sur nos habitudes de consommation.
Mais, ici aussi la nouvelle consommation existe. Au milieu des objets rouillés et des devantures bancales et passées, une boutique différente attire mon attention. Plus claire, la peinture fraiche, c’est Nokia. Le téléphone portable semble un commerce lucratif.
Nous rejoignons un quartier plus touristique et visitons la synagogue ; un rabbin passe rapidement sur son beau vélo. Dans la ville les religions se croisent, s’entrecroisent.
Nous avons chaud. A l’heure du thé, nous faisons une pause dans une galerie d’Antiquités qui fait également salon de thé. La galerie est à l’ombre et ventilée. Nous y sommes bien.
Nous rentrerons en rickshaw. C’est notre baptême avec ce moyen de transport. Dans ce petit habitacle, le bruit d’un moteur de mobylette nous accompagne et toujours et encore le klaxon sacré. Sans le klaxon, que serait la conduite indienne ?
Je n’ai pas peur. Je trouve la promenade gaie comme un manège. Nous doublons les deux roues aux multiples passagers avec ces femmes en sari qui accompagnent leurs maris comme de belles amazones. Certains rickshaws sont bondés de jeunes enfants en uniforme qui rentrent de l’école. Les enfants sont souvent gais, très souriants, fiers dans leurs habits d’école. Ils sont nombreux : la population est jeune, dynamique.
Nous voici dans notre chambre d’hôte. Je ne l’ai pas encore présentée. Elle est dans une ancienne maison coloniale portugaise qui a gardé beaucoup de charme. Colonnades intérieures, marbre, vieilles boiseries. La décoration est indienne. Quelques objets kitchs et rétro, l’affichage de la pratique de la religion chrétienne.
Dans la chambre, nous bénéficions de l’air conditionné et également comme partout dans les autres pièces, d’un gros ventilateur. Quand Patrick y est rentré la première fois ; il a pensé et vécu en sueurs, la chanson de Bernard Lavilliers « Sertao » « Les pales du ventilateur coupent tranche à tranche l’air épais comme du manioc ».
Ce soir en rentrant, je dis à Coral (la propriétaire de la demeure) que je souhaite acquérir un panjabi. Elle commande pour nous un rickshaw et nous envoi chez une de ses connaissances. Je choisis le tissu et le couturier prend mes mesures. Après marchandage, c’est fait, je l’aurai pour demain en échange de quarante euros. Je trouve les tissus indiens magnifiques, les couleurs splendides et pourtant je me décide pour un tissu à fond noir (mon éternel noir) Un beau, brodé de rouge avec un pantalon rouge.
COCHIN 16 février
Levé sept heures. Après une bonne douche froide, nous prenons notre petit déjeuner chez Coral. Sa confiture d’oranges amères est des meilleures. Un thé et une bonne nouvelle nous attendent. L’aéroport a téléphoné ce matin, notre bagage égaré arrivera dans la journée.
Coral nous a orchestré moyennant huit cents roupies une journée dans les backwatters.
Un mini bus nous promène dans Fort Cochin pour prendre lors de plusieurs haltes des touristes qui feront également partie du voyage. Nous passons dans des rues plus larges et beaucoup plus propres que celles du quartier que nous avons abordé hier. La circulation est dense et plus rapide. Les klaxons fusent. Nous roulons plus vite et ceci génère quelques frayeurs. Après deux heures de trajet, nous arrivons à l’embarcadère.
Un bateau avec un bel habitacle en bois et fibres de coco nous attend. Nous nous installons dans nos fauteuils. Ici, c’est un véritable contraste avec la ville. Tout est calme et lent. L’eau est propre et limpide. Nous glissons lentement bercés par un petit tangage rythmé par le doux bruit des pagayeurs (un devant et un à l’arrière de l’embarcation). Nous sommes entourés d’une végétation luxuriante. Les cocotiers se dressent majestueusement. Les odeurs sont douces et naturelles.
Nous prenons un petit canal où le bateau doit se frayer un passage. Les feuilles et les branchages claquent sur la coque.
Une halte s’impose dans un village qui doit vivre faiblement du passage des touristes. En anglais, le guide nous explique la vie autour du cocotier. Deux femmes nous font une démonstration de filage de fibre de coco. Une nouvelle expression s’impose à nous « attention tu files un mauvais coco !! ».
Diverses plantes et épices nous sont présentés (hibiscus, muscade, poivre noir, culture de l’épinard rouge …). C’est curieux, certains d’entre nous ne peuvent pas concevoir la fleur sans la cueillir et l’épice sans l’arracher pour le gouter. Devant toute cette verdure, un peu plus d’éducation devrait s’imposer.
Dans les backwatters, il y a pour les photos de belles petites maisons aux couleurs vives, ces belles couleurs de l’Inde, mais, il y a aussi des baraques plus crasseuses. Les habitants vivent simplement. La richesse n’est pas de mise. Quelques vaches, quelques chèvres. Des paysans sur les rives portent des herbes. Des ouvriers torses nus travaillent le ciment. Au loin, l’appel à la prière pour le monde musulman et les rameurs continuent inlassablement.
Nous arrivons au niveau d’un lac. Un repas végétarien nous est servi sur des feuilles de bananier.
Nous reviendrons à Fort Cochin dans un quatre-quatre, cheveux au vent, musique indienne à fond , accompagnés de quelques frayeurs. Cette voiture va plus vite et à 90 km/h j’ai une impression de 180 km/h quand nous frôlons les autres pour les doubler.
Le soir, nous irons prendre une bière à Malabar House (relais château à coté de Bernard Bungalows).
COCHIN 17 février
Un petit déjeuner dans la cuisine d’Arlène avec un couple d’anglais et un couple d’américains (qui vient de New-York). Arlène est la sœur de Coral. Comme cette dernière affichait complet, elle nous a proposé de continuer notre séjour chez sa sœur qui fait également chambre d’hôte à deux pas.
Un ferry nous fait traverser un bras de mer (le lac Vembanad) pour rejoindre la ville moderne de Cochin, Ernakulam. Là-bas, tout bouge sans cesse. Nous prenons plusieurs rickshaws pour visiter divers quartiers. La circulation est dense et incessante. Nous apprenons à traverser comme piéton dans toute cette cohue. C’est déboussolant. Il vaut mieux croire en sa bonne étoile. Nous pourrions tout comme les chauffeurs de rickshaw sur leurs rétroviseurs, attacher une croix ou Shiva autour de notre cou.
Je suis frappée par ce melting pot religieux. Tout comme la circulation, dans cette ville les religions semblent se croiser en tout sens sans se heurter. Ici, y-a-t-il parfois des accidents ? Je ne sais pas.
Dans cette cohue inondée d’énormes affiches publicitaires, de chaussées déformées, de trottoirs défoncés, de fils électriques en tous sens, nous nous accordons deux havres de paix. Un dans un immense magasin où, sur plusieurs étages des milliers de tissus (parfois très riches) sont présentés dans un univers très luxueux et paisible, l’autre dans un restaurant très silencieux au décor très épuré et moderne. Les biryanis sont délicieux. Je pense qu’en mangeant avec ma main droite, je suis loin de l’élégance.
Nous repérons le « geste » à Ernakulam, ce geste si bien décrit par Paolo Pasolini dans son livre « L’odeur de l’Inde ». Pour approuver, l’indien dodeline de la tête et donne pour nos valeurs une attitude de négation. Cette gestuelle m’oblige à réinterpréter.
Aujourd’hui, nous avons avancé nos achats. Il faut penser aux présents que nous voulons distribuer en rentrant. Pour moi, ceci est compliqué, le choix, la négociation que j’ai du mal à maitriser. Cochin n’est sûrement pas le meilleur endroit pour le shopping car très touristique. Je pense à Pierre qui l’an passé s’est débrouillé comme un roi pour ramener nos trois panjabis.
Fin de la journée dans un salon de thé « Teaopot », ambiance chic sur le thème du thé avec une superbe collection de théière. Le massala chai est délicieux.
En fin d’après-midi, je suis allée dans un centre ayurvédique pour un massage bien agréable. L’ambiance y est zen et étudiée pour le touriste !
18 février
Neuf heures quinze, gare routière de Cochin
Nous allons prendre un car local pour nous rendre à Munnar.
The car : il s’agit d’un gros car rouge et jaune des années 1950. La rouille l’envahit. Les sièges en Skye usé vont nous coller à la peau. Les banquettes sont dures et le siège du conducteur est complètement défoncé. Il se console avec des chiffons.
Nous nous entassons avec nos bagages. Nous avons la chance d’être assis. Ce n’est pas le cas de tous. Le moteur vrombit, tout vibre. Le véhicule n’a pas de fenêtre et c’est une chance. C’est beaucoup plus agréable que la clim.
Nous mettons plus d’une heure à sortir de Cochin puis encore une heure à rouler en traversant des agglomérations. La population s’entasse. Certaines scènes sont pour nous insolites.
Les klaxons sont partout.
Enfin, nous voyons la campagne. Il nous reste deux heures trente de trajet. Sur le bord de la route, parfois, nous croisons des groupes de femmes poussiéreuses qui nettoient les fossés. Certaines dorment le long de la route. Certaines ont installé des gamelles. On dirait une armée de cantonnières.
Nous commençons à monter. La forêt tropicale est autour de nous. Un singe grimpe un fossé. Nous ne connaissons pas les plantes qui nous entourent. Avec l’altitude, l’air est plus frais plus léger. Ce sont les Ghats occidentaux (une chaîne de montagne). Munnar sera à 1600 mètres d’altitude.
Le car peine. Impossible de vérifier la vitesse même si nous sommes assis derrière le chauffeur car le compteur est cassé. L’immense levier de vitesse craque. Nous négocions difficilement certains virages. Pour se croiser, le conducteur doit parfois effectuer des marches arrière.
Et puis, c’est arrivé : dans une épingle à cheveux très pentue un gros craquement nous surprend. Il nous semble que la première vitesse a sautée. Le chauffeur s’acharne au milieu des klaxons. Nous bloquons la circulation dans les deux sens. En vainc. La grosse carcasse ne veut plus bouger. Des chauffeurs descendent des véhicules qui nous entourent. Chacun semble vouloir donner son avis. Nous ne comprenons pas. Des calles sont posées et nous devons descendre avec nos bagages. Une ultime tentative est infructueuse. Boîte à vitesse cassée ?
Nous voici tous, une trentaine de personnes, posés avec les bagages dans le fossé. Je ne vois pas comment la solution pourra rapidement arriver même si le chauffeur nous dit qu’un autre bus va arriver. Quand ? Je propose plusieurs fois à Patrick de nous installer plus loin en auto-stoppeurs mais il hésite.
La solution vient à nous. Une jeep s’arrête. Nous montons six personnes et finissons la course d’une vingtaine de kilomètres pour deux cents roupies (soit environ quatre euros).
Le paysage change. Nous découvrons les plantations de thé. C’est simplement magnifique, le vert des feuilles de thé, la végétation en fleurs. La montagne est splendide.
Nous avons réservé une chambre d’hôte chez Aïda (vu dans le guide du routard). La famille nous accueille très gentiment et nous propose de l’eau minérale. Ils louent quelques chambres. Ils vivent mais ne semble pas faire fortune. Roy (le mari de Aïda) est un indien maigre et étroit au sourire agréable et accueillant. Comme sa famille, il est habillé de tissus usés.
Même si les draps sont élimés et si le robinet de la douche nous reste dans les mains, tout est propre et tout va bien.
Nous irons nous promener sur le marché. C’est un marché couvert de tôles avec un sol en terre battue. Les produits s’entassent, les passages sont étroits et encombrés. Nous ferons le plein d’épices. Nous croiserons un couple de français qui nous offrira un massala chai dans un petit café. Ici, le contact est spontané. Ils sont très sympathiques.
MUNNAR 19 février
Roy nous serre gentiment le petit déjeuner en nous installant une vieille table en plastique devant sa maison. Confiture à l’ananas au programme.
Nous décidons de marcher un peu dans la montagne. Nous empruntons une petite route calme, sans circulation. Ceci nous éloigne du tumulte habituel.
Nous longeons les plantations de thé, les cultures de cardamone, traversons une épaisse forêt. Ici, nous sommes loin de la clameur du monde. Tout est reposant. Le temps s’étire. La nature est splendide, éclatante.
Nous traversons un petit village. Si la nature est riche, il n’en est pas de même pour les habitants. Les habitations sont en matériaux de récupération. Le linge usé et triste pend le long des murs. Des femmes lavent dans des sceaux posés sur le sol. Nous remarquons une minuscule boutique où sur de vielles planches quelques objets sont mis en vente.
Nous croiserons des ouvriers, des paysans, des femmes qui cueillent les feuilles de thé. Dans la tristesse de leurs habits, ils ont une vraie beauté car leur sourire en nous voyant est franc et spontané. Ils nous saluent avec beaucoup de gentillesse. Leur sourire exprime la douceur plus que la gaité. Nous nous sentons complètement en sécurité.
Nous trouverons le long de la route un restaurant avec une superbe vue. Les serveurs sont heureux de pouvoir discuter avec nous. Ils sont originaires du Kérala et sont venu ici pour travailler.
Pour raccourcir notre retour nous interpellons un rickshaw (ils se font rare ici). Il a déjà un client. Qu’à cela ne tienne. Nous nous serrons.
En chemin, dans un village nous avons photographié des villageois et promis de leur envoyer les photos. L’adresse est notée.
Après ces quelques heures de marche, nous sommes heureux de pouvoir nous reposer chez Aïda.
20 février
Huit heures. Nous sommes à la gare routière de Munnar. Nous voulons rejoindre Madurai. Devant nous, sans aucun espace de protection, un gros car essaie ses freins. Il accélère et freine plusieurs fois dans la poussière.
Nous chargeons nos sacs. La route commence. La montagne est de plus en plus belle. Nous bénéficions d’une très belle lumière. Toujours les plantations de thé (la plupart appartienne à Tata). Les hommes répandent des traitements, les femmes cueillent.
Cardamone, fleurs de toutes les couleurs.
Un lac scintille au loin.
Le paysage est somptueux.
Notre vieux car avance lentement. Le chauffeur conduit plus calmement que notre précédent conducteur. La mécanique pourra peut-être lui résister.
Les descentes sont impressionnantes. Les freins pleurent en permanence. Quelques frayeurs puis nous nous laissons aller dans le mouvement.
Deux heures plus tard, nous pénétrons dans l’état du Tamil Nadu. La frontière est passée. Nous faisons une pose dans un petit village aux multiples échoppes petites, rafistolées, usées, proposant essentiellement de quoi se restaurer.
Une descente de quarante cinq minutes commence. J’ai confiance au chauffeur mais moins en sa mécanique. Les feins sifflent. La montagne s’impose. Trois singes assis au bord du fossé nous regardent passer puis se sauvent. La vue est grandiose, sensations fortes garanties.
Puis, la plaine s’étend devant nous avec ses plantations de canne à sucre, maïs, riz, cocotiers et ses troupeaux de chèvres et moutons. L’air est redevenu lourd.
A Theni, dans la gare routière animée, bruyante, nous trouvons facilement et rapidement notre correspondance. Le car est bondé pourtant, nous pouvons monter. Le contrôleur fait lever deux personnes pour que nous ayons une place assise au fond sur la banquette. Cette proposition nous met mal à l’aise mais nous n’avons pas le choix.
Après cinq heures trente de route, arrivée à Madurai. A peine descendu du véhicule, nous sommes happés par un rabatteur. Il nous monte dans un rickshaw. Nous n’avons pas pu réserver d’hébergement (ceux de nos deux guides affichaient complet).
Le rickshaw nous arrête devant un bel hôtel (Le Royal Court). C’est avec un look chiffonné et nos sacs à dos que nous serons acceptés sans problème dans cet établissement (nous devons tout de même avoir des looks de bonnes cartes bancaires).
Nous logerons ainsi dans une grande chambre salon au sol en marbre et à la décoration standard mais raffinée. Au loin, le tumulte de la ville. Ce confort nous repose.
Nous logeons à côté du grand temple de Madurai. Ces quatre portes s’imposent dans toute la ville. De la terrasse de notre hôtel, nous pouvons les admirer.
Visite du temple dans l’après-midi : il est immense, coloré. Nous sommes surpris d’y croiser un éléphant. Certains visiteurs lui mettent des pièces dans la trompe et se laissent bénir par l’animal. Il y a de nombreux pèlerins. L’espace du rituel religieux nous est interdit.
MADURAI 21 février
Une bonne nuit réparatrice.
Nous décidons de retourner au temple. C’est dimanche, il y a moins d’activité dans les rues, moins de circulation, plus de calme. Les mendiants sont toujours présents. Certains sont d’une maigreur qui n’appelle à aucun commentaire.
Aujourd’hui, nous demandons les services d’un guide en français. Nous déambulerons avec lui dans les divers espaces du temple durant plus d’une heure. Six hectares, milles sept cents colonnes, des milliers de statues. C’est intéressant, soit un peu sommaire mais pour nous qui n’avons aucun savoir, c’est suffisant.
Mis à part son grand temple, Madurai ne nous attire pas. Nous visiterons également le mémorial du mahatma Gandhi, musée un peu démodé dans sa présentation mais restant intéressant.
C’est donc dès notre arrivée à Madurai que nous nous sommes occupés de la réservation de billet de train pour ce soir. Le système de transport ferroviaire a une organisation complexe. Nous avons du aller deux fois à la gare hier pour nous inscrire sur des listes d’attente.
Enfin, cet après midi, un employé de la gare nous confirme que nos deux couchettes nous sont attribuées sur le train de nuit pour Madras (ce soir à vingt heures quarante cinq).
Nous avons pris la précaution de demander la catégorie la plus luxueuse. En la découvrant ce soir, il est difficile de parler de luxe. Le confort est sommaire, la propreté un peu approximative. Nous avons donc fait le bon choix.
Nous voici parti pour Madras car nous voulons rejoindre Pondichéry.
MADRAS 22 Février
Tôt le matin, nous voici dans la gare. C’est à tort que nous suivrons un rabatteur qui nous propose un taxi. L’affaire n’est pas des meilleures. Nous paierons un prix abusif pour monter dans la vieille Ambassadore. Ces vieilles voitures sont courantes en Inde. On les voit partout circuler au milieu du trafic. Elles sont en majorité de couleur blanche.
La voiture n’ira pas jusqu’à Pondichéry. Le chauffeur nous pose en chemin et nous continuerons dans un véhicule similaire jusqu’à destination. La voiture avait-elle vraiment un problème de mécanique ou le chauffeur avait-il décidé de partager la commission bien payée avec un autre chauffeur ? Nous nous permettons de douter de sa sincérité.
PONDICHERY 22 février
Pondichéry : nous découvrons notre logement, une chambre d’hôte que nous avions réservée pour deux nuits avant notre départ. Le lieu est agréable, reposant, on s’y sent bien. Il s’agir de Aurodham Héritage Guest House. Ce lieu anime une galerie d’art et quelques chambres d’hôte. Dans les chambres comme dans les pièces communes, de nombreuses peintures, une décoration raffinée et de bon goût nous entourent. Cette maison se situe dans le quartier français de Pondichéry.
En effet, à Pondichéry, nous découvrons une ville différente. La ville est divisée en deux quartiers : un quartier français et un quartier indien. L’ambiance y est différente de celle des précédentes villes indiennes que nous avons pu découvrir. Dans le quartier français, le monde occidental est présent d’une part par les anciennes constructions coloniales (pour beaucoup très bien conservées) et d’autre part par l’attitude générale, les commerces, les restaurants, son parc. La ville est agréable et nous aimons marcher le long de ces rues rectilignes et charmantes ou le long de son front de mer. Nous dinerons ce soir au restaurant « le rendez-vous ». la langue française est encore un peu ici (sûrement entretenue par un tourisme francophone important).
La journée a été douce et tranquille. Le ciel est resté bleu, sans brume. Il fait chaud mais l’atmosphère est beaucoup moins humide qu’à Cochin.
PONDICHERY 23 février
Après une nuit réparatrice bercée par le bruit du ventilateur, nous prendrons notre petit déjeuner dans la salle à manger, une grande pièce qui veut s’isoler du soleil et qui dégage une lumière douce et apaisante. Ici aussi, comme dans toutes les pièces, des tableaux sont exposés, complètement intégrés au décor.
Nous partageons la table avec un couple de français qui arrive du Sri Lanka. Ils sont maraîchers en produits bio dans la région d’Avignon et passionnés d’herboristerie.
La journée se poursuivra dans le quartier indien puis dans le quartier français au hasard des multiples rues. Quelques photos, quelques achats.
PONDICHERY 24 février
Ce matin, nous décidons de nous rendre sur le marché indien. Au hasard, nous nous introduisons dans cet espace serré, chargé en odeurs, en bruits. Nous sommes avec les marchands de poissons. Cet endroit est particulièrement agité. Le bruit est assourdissant. Chacun expose quelque poisson à la vue d’un éventuel acheteur. Le sol est boueux et je suis obligée de relever mon pantalon. Nous préférons rejoindre le coin des épices et des légumes. L’endroit est plus tranquille. Seules quelques charrettes débordant de détritus s’imposent à la circulation des acheteurs. Nous sommes obligés de nous réfugier sur un étale pour les laisser passer.
Nous rejoindrons ensuite doucement le quartier français et plus particulièrement l’Ashram de Sri Aurobindo. C’est une demeure très zen dans laquelle on rend hommage au poète et philosophe ainsi qu’à sa compagne (une française) La Mère. Cet ashram est une œuvre essentiellement spirituelle mais qui ne semble pas renier la face matérialiste du monde. En effet, c’est aussi une organisation financière puissante. A Pondichéry, toutes les demeures peintes en gris et blanc appartiennent à l’Ashram. Elles sont nombreuses (école…). En 1968, La Mère lance une expérience étonnante. A une dizaine de kilomètres de Pondichéry, Auroville se construit. C’est une cité universelle où hommes et femmes de tous les pays peuvent venir s’installer en paix et en harmonie. Cette ville n’appartient à personne mais à l’humanité. Nous ne pousserons pas notre curiosité jusqu’à ce lieu car nous ne pensons pas pouvoir en saisir le sens lors d’une visite éclair.
Nous achèterons tout de même deux ouvrages de Sri Aurobindo pour nos prochaines lectures.
En début d’après-midi, nous réorganisons nos sacs à dos. Par l’intermédiaire d’Aurodham Héritge Guest House, nous louons les services d’un chauffeur. Il est chargé en fin de journée de nous déposer à l’aéroport de Chenai. Dans l’après-midi, nous souhaitons qu’il nous arrête à Mahabalipuram ou Mammalapuram. Ceci va nous permettre de nous promener sur trois sites archéologiques aux beaux temples indous du VIIéme siècle, Shore temple et Five Rathas. Les sites sont agréables et imposants. Dans la ville, il y a une multitude de tailleurs de pierre. C’est eux qui donnent l’activité au lieu.
Nous remontons dans notre taxi pour rejoindre Madras. La voiture est récente, sécurisée. Dans cet espace aseptisé, je regarde défiler les dernières images que je garderai de ce pays. Que de monde, tout bouge, chacun avance et cherche sa place dans ce tumulte. Les voitures les plus puissantes s’imposent dans la circulation. Au bord de la route des hommes, des femmes. Chacun essaie de suivre son activité. Des scènes sont insolites, certaines complètement désolantes. La vraie misère s’étale au grand jour dans ce grand pays en pleine explosion économique.
Aéroport de Chenai : nous nous restaurons dans un bar à Tapas. Dans ce lieu moderne, climatisé, écran plat, musique occidentale (Rolling Stones, Eagles , The Beattles …)
Jeans et tee-shirts sont de mises. Pas de sari, pas de Panjabis. Il n’est plus nécessaire de cacher la grisaille de la misère par ces beaux tissus éclatants.
A croire que nous sommes déjà loin de l’Inde que nous venons d’humblement croiser.
« Il suffit de considérer leur manière de dire oui. Au lieu de hocher la tête comme nous, ils la secouent, comme quand nous disons non : la différence de geste n’en ai pas moins énorme. Leur non qui signifie oui consiste en une ondulation de la tête (leur tête brune dansante, avec cette pauvre peau noire, qui est la couleur la plus belle que puisse avoir la peau), avec une tendresse, dans un geste empreint de douceur : « Pauvre de moi, je dis oui, mais je ne sais pas si c’est possible », et d’embarras en même temps : Pourquoi pas ?, de peur : C’est si difficile, et même de coquetterie : Je suis tout pour toi. La tête monte et baisse, comme légèrement détachée du cou, et les épaules ondulent également un peu, avec un geste de jeune fille qui vainc sa pudeur et montre effrontément son affection. Vues de loin, les foules indiennes restent gravées dans la mémoire, avec ce geste d’assentiment, et le sourire enfantin et radieux dans le regard, l’accompagnant toujours. Leur religion tient dans ce geste. »
« « L’odeur de l’Inde » de Pier Paolo PASOLINI
Laurence Ponchon-Barège
Coordonnées
COCHIN
Bernard bungalows
1/297 parade Road
Fort Cochin – 682 001
Kerala, S India
Coral Bernard
0484/221 6162
Mob : 984 742 7999
mail@bernardbungalow.com
Arlene Bernard
+91-484-221-6455
Mob : 09961375553
Restaurant Dal Roti
Tél : 919 746459244
krameshmenow@gmail.com
MUNNAR
Chambre d’hôte
AIDA HOMESTAY
Tél : 23 05 42
Villageois rencontrés (pour envoyer photos)
G. CHANDRAN
POTHAMEDU
MUNNAR
Pothamedu postoffice
PIN 685612
INDIA
MADURAI
Royal Court
4 west veli Street
Madurai 625 001
Fax 0452 4373333
royalcourtinfo@gmail.com
Site web : www.royalcourtindia.com
Tél 0452-4356666
Mobile : 93603 29985
Guide en français pour le temple :
Mina 9364388960
Réservation train par internet :
www.irctc.co.in/
(préférer la classe 2A)
PONDICHERY
Aurodham Heritga Guest House
33 rue François Martin
Kuruchikuppam
Pondichéry
India 605 012
Tél : 91 413 2222795 / 2222449
Monsieur Lalit Verma
aurodhan@satyam.net.in
aurodhan@sify.com
Voici nos impressions et nos adresses d'hébergement pour vous donner quelques idées.
Bon futur voyage
Carnet de voyage
Inde
Février 2010
Kerala
Tamil Nadu
14 février 14h30
Fin du « Petit Nicolas » de Godard sur mon petit écran. Il fait très chaud dans l’avion de Qatar Airways et il me semble déjà que l’hiver est loin. Une lumière forte nous arrive de l’extérieur par les hublots. Nous survolons la mer Noire. Il serait peut-être sage de dormir car la nuit va être courte.
15h30
Quelques respirations contrôlées apprises au cours de yoga m’ont permis de me reposer. Le sommeil n’est pas pour autant venu. Peut-être dois-je encore digérer ce bon repas de vol (curry poulet, pour s’habituer) de la Saint Valentin.
Et quelle fête de prestige avec mon Valentin. Nous survolons la Turquie, bientôt, nous atteindrons la Syrie. Il fait vraiment très chaud dans l’avion. Impossible de s’imaginer qu’il y a quelques heures la neige nous faisait frissonner. Une ambiance orientale commence à nous saisir. Il est difficile de calmer mon esprit qui commence à se projeter vers de nouveaux horizons. Quel sera ce monde dont nous avons tant parlé ces derniers mois ? L’Inde, un voyage espéré il y a vingt ans. Un beau livre qui amenait au rêve avec ces belles couleurs, et puis l’idée s’était éteinte d’elle-même. Le voyage de Pierre l’an passé nous a à nouveau plongé dans ce monde intense et différent.
L’Inde, dans quelques heures, nous y serons.
Encore deux heures et nous serons à Doha.
DOHA 20h50
Notre deuxième avions s’envole pour Cochin. L’ambiance dans l’appareil n’est plus la même. Beaucoup d’Indiens autour de nous et beaucoup d’hommes ? Sont- ils des travailleurs de Qatar ? Pour notre voisin, c’est sûr. Nous le saurons car il nous demande de l’aide pour remplir sa carte d’information à la douane.
Le sommeil ne viendra pas car l’ambiance est plus bruyante.
Nous marchons donc dans l’aéroport de Cochin un peu ahuris par le voyage. L’endroit est propre et neuf. L’ambiance est calme. Pas de bruit, pas de bousculade
COCHIN 15 février.
Nous pensons bientôt pouvoir nous installer dans le Pick-up que nous a envoyé Bernard Bungalows. Mais avant, il nous faut récupérer nos bagages et, c’est sans compter sur la disparition du sac à dos de Patrick. Il n’arrivera jamais sur le tapis. Nous finissons par apprendre que le sac est égaré.
Beaucoup de temps et beaucoup de coups de tampons pour espérer le revoir demain.
Arrivés à trois heures trente du matin à Cochin, nous ressortons de l’aéroport vers cinq heures. Le taxi commandé n’est pas là.
Un taxi qui n’est pas de première jeunesse se charge de notre commission. Montée à l’arrière, j’essaie par automatisme de dérouler la ceinture de sécurité. Cela amuse beaucoup un groupe de chauffeur qui attend dehors à côté du véhicule. Un détail : la ceinture est cassée. Les sièges sont recouverts par de grosses serviettes éponges qui ont déjà longtemps servies.
Commence le chassé croisé avec d’autres véhicules. Les phares défilent, il fait nuit. Il faut faire confiance.
Nous croisons un accident. Les véhicules sont bien esquintés. Une foule s’est amassée. Où sont les passagers ?
Le long de la route, des hommes à pieds. Les phares les éclairent au dernier moment.
Ce devait être une pseudo autoroute car voici un péage, enfin deux hommes sur deux chaises qui prennent un billet au chauffeur.
Le long du trajet, parfois, des odeurs coupent ma respiration. Nous avons vu défiler les chantiers, beaucoup d’immeubles recouverts d’affiches publicitaires exposées dans l’anarchie.
Croisement plus insolite : sans ralentir, nous doublons deux éléphants. Ils portent des branchages. La voiture frôle les branches. En tendant le bras, Patrick pourrait toucher les pachydermes. Dans la nuit, ils sont deux masses sombres. Ils me paraissent énormes. Les fenêtres sont ouvertes et l’on entend le bruit de grosses chaînes entrechoquées.
Nous arrivons à Fort Cochin. En approchant de Bernard Bungalows (et en aidant notre chauffeur à trouver notre chambre d’hôtes) le quartier devient plus résidentiel même si sur la chaussée, les trous et déformations restent tout de même de rigueur.
Un problème de date de réservation va contrarier la propriétaire. Enfin, ceci nous permettra de réceptionner la chambre dès six heures trente.
Repos.
Petite matinée. Promenade le long de la mer. Voici les fameux filets chinois vus par tous les touristes. Aux abords, la vie indienne. Marchands ambulants, gens de la rue.
Nous retrouvons une ambiance paisible à Dal-Roti, petit restaurant, très propre et très bon prêt de Bernard Bungalows. La clientèle est essentiellement européenne. Le patron joue la convivialité et le prix est indien.
Le contexte est parfait pour moi. Vraiment, je ne me vois pas manger dans la rue, dans la poussière où une multitude de marchands propose de la nourriture locale. L’hygiène de nous ne correspond pas.
L’après-midi, nous déambulons dans le quartier de Fort Cochin. Nous nous égarons dans quelques ruelles défoncées, sans touristes. Parfois l’odeur est très forte et je suis obligée de la refuser. Les trottoirs sont défoncés et les égouts sont à l’air libre. Une multitude de mini boutiques se touchent. Tout se vend. Une diversité d’objets s’amoncelle. Ce ne sont pas les derniers modèles en vogue. Beaucoup d’objets semblent déjà avoir eu une longue vie ou plusieurs vies. Et pourquoi pas ? Ceci m’interroge sur nos habitudes de consommation.
Mais, ici aussi la nouvelle consommation existe. Au milieu des objets rouillés et des devantures bancales et passées, une boutique différente attire mon attention. Plus claire, la peinture fraiche, c’est Nokia. Le téléphone portable semble un commerce lucratif.
Nous rejoignons un quartier plus touristique et visitons la synagogue ; un rabbin passe rapidement sur son beau vélo. Dans la ville les religions se croisent, s’entrecroisent.
Nous avons chaud. A l’heure du thé, nous faisons une pause dans une galerie d’Antiquités qui fait également salon de thé. La galerie est à l’ombre et ventilée. Nous y sommes bien.
Nous rentrerons en rickshaw. C’est notre baptême avec ce moyen de transport. Dans ce petit habitacle, le bruit d’un moteur de mobylette nous accompagne et toujours et encore le klaxon sacré. Sans le klaxon, que serait la conduite indienne ?
Je n’ai pas peur. Je trouve la promenade gaie comme un manège. Nous doublons les deux roues aux multiples passagers avec ces femmes en sari qui accompagnent leurs maris comme de belles amazones. Certains rickshaws sont bondés de jeunes enfants en uniforme qui rentrent de l’école. Les enfants sont souvent gais, très souriants, fiers dans leurs habits d’école. Ils sont nombreux : la population est jeune, dynamique.
Nous voici dans notre chambre d’hôte. Je ne l’ai pas encore présentée. Elle est dans une ancienne maison coloniale portugaise qui a gardé beaucoup de charme. Colonnades intérieures, marbre, vieilles boiseries. La décoration est indienne. Quelques objets kitchs et rétro, l’affichage de la pratique de la religion chrétienne.
Dans la chambre, nous bénéficions de l’air conditionné et également comme partout dans les autres pièces, d’un gros ventilateur. Quand Patrick y est rentré la première fois ; il a pensé et vécu en sueurs, la chanson de Bernard Lavilliers « Sertao » « Les pales du ventilateur coupent tranche à tranche l’air épais comme du manioc ».
Ce soir en rentrant, je dis à Coral (la propriétaire de la demeure) que je souhaite acquérir un panjabi. Elle commande pour nous un rickshaw et nous envoi chez une de ses connaissances. Je choisis le tissu et le couturier prend mes mesures. Après marchandage, c’est fait, je l’aurai pour demain en échange de quarante euros. Je trouve les tissus indiens magnifiques, les couleurs splendides et pourtant je me décide pour un tissu à fond noir (mon éternel noir) Un beau, brodé de rouge avec un pantalon rouge.
COCHIN 16 février
Levé sept heures. Après une bonne douche froide, nous prenons notre petit déjeuner chez Coral. Sa confiture d’oranges amères est des meilleures. Un thé et une bonne nouvelle nous attendent. L’aéroport a téléphoné ce matin, notre bagage égaré arrivera dans la journée.
Coral nous a orchestré moyennant huit cents roupies une journée dans les backwatters.
Un mini bus nous promène dans Fort Cochin pour prendre lors de plusieurs haltes des touristes qui feront également partie du voyage. Nous passons dans des rues plus larges et beaucoup plus propres que celles du quartier que nous avons abordé hier. La circulation est dense et plus rapide. Les klaxons fusent. Nous roulons plus vite et ceci génère quelques frayeurs. Après deux heures de trajet, nous arrivons à l’embarcadère.
Un bateau avec un bel habitacle en bois et fibres de coco nous attend. Nous nous installons dans nos fauteuils. Ici, c’est un véritable contraste avec la ville. Tout est calme et lent. L’eau est propre et limpide. Nous glissons lentement bercés par un petit tangage rythmé par le doux bruit des pagayeurs (un devant et un à l’arrière de l’embarcation). Nous sommes entourés d’une végétation luxuriante. Les cocotiers se dressent majestueusement. Les odeurs sont douces et naturelles.
Nous prenons un petit canal où le bateau doit se frayer un passage. Les feuilles et les branchages claquent sur la coque.
Une halte s’impose dans un village qui doit vivre faiblement du passage des touristes. En anglais, le guide nous explique la vie autour du cocotier. Deux femmes nous font une démonstration de filage de fibre de coco. Une nouvelle expression s’impose à nous « attention tu files un mauvais coco !! ».
Diverses plantes et épices nous sont présentés (hibiscus, muscade, poivre noir, culture de l’épinard rouge …). C’est curieux, certains d’entre nous ne peuvent pas concevoir la fleur sans la cueillir et l’épice sans l’arracher pour le gouter. Devant toute cette verdure, un peu plus d’éducation devrait s’imposer.
Dans les backwatters, il y a pour les photos de belles petites maisons aux couleurs vives, ces belles couleurs de l’Inde, mais, il y a aussi des baraques plus crasseuses. Les habitants vivent simplement. La richesse n’est pas de mise. Quelques vaches, quelques chèvres. Des paysans sur les rives portent des herbes. Des ouvriers torses nus travaillent le ciment. Au loin, l’appel à la prière pour le monde musulman et les rameurs continuent inlassablement.
Nous arrivons au niveau d’un lac. Un repas végétarien nous est servi sur des feuilles de bananier.
Nous reviendrons à Fort Cochin dans un quatre-quatre, cheveux au vent, musique indienne à fond , accompagnés de quelques frayeurs. Cette voiture va plus vite et à 90 km/h j’ai une impression de 180 km/h quand nous frôlons les autres pour les doubler.
Le soir, nous irons prendre une bière à Malabar House (relais château à coté de Bernard Bungalows).
COCHIN 17 février
Un petit déjeuner dans la cuisine d’Arlène avec un couple d’anglais et un couple d’américains (qui vient de New-York). Arlène est la sœur de Coral. Comme cette dernière affichait complet, elle nous a proposé de continuer notre séjour chez sa sœur qui fait également chambre d’hôte à deux pas.
Un ferry nous fait traverser un bras de mer (le lac Vembanad) pour rejoindre la ville moderne de Cochin, Ernakulam. Là-bas, tout bouge sans cesse. Nous prenons plusieurs rickshaws pour visiter divers quartiers. La circulation est dense et incessante. Nous apprenons à traverser comme piéton dans toute cette cohue. C’est déboussolant. Il vaut mieux croire en sa bonne étoile. Nous pourrions tout comme les chauffeurs de rickshaw sur leurs rétroviseurs, attacher une croix ou Shiva autour de notre cou.
Je suis frappée par ce melting pot religieux. Tout comme la circulation, dans cette ville les religions semblent se croiser en tout sens sans se heurter. Ici, y-a-t-il parfois des accidents ? Je ne sais pas.
Dans cette cohue inondée d’énormes affiches publicitaires, de chaussées déformées, de trottoirs défoncés, de fils électriques en tous sens, nous nous accordons deux havres de paix. Un dans un immense magasin où, sur plusieurs étages des milliers de tissus (parfois très riches) sont présentés dans un univers très luxueux et paisible, l’autre dans un restaurant très silencieux au décor très épuré et moderne. Les biryanis sont délicieux. Je pense qu’en mangeant avec ma main droite, je suis loin de l’élégance.
Nous repérons le « geste » à Ernakulam, ce geste si bien décrit par Paolo Pasolini dans son livre « L’odeur de l’Inde ». Pour approuver, l’indien dodeline de la tête et donne pour nos valeurs une attitude de négation. Cette gestuelle m’oblige à réinterpréter.
Aujourd’hui, nous avons avancé nos achats. Il faut penser aux présents que nous voulons distribuer en rentrant. Pour moi, ceci est compliqué, le choix, la négociation que j’ai du mal à maitriser. Cochin n’est sûrement pas le meilleur endroit pour le shopping car très touristique. Je pense à Pierre qui l’an passé s’est débrouillé comme un roi pour ramener nos trois panjabis.
Fin de la journée dans un salon de thé « Teaopot », ambiance chic sur le thème du thé avec une superbe collection de théière. Le massala chai est délicieux.
En fin d’après-midi, je suis allée dans un centre ayurvédique pour un massage bien agréable. L’ambiance y est zen et étudiée pour le touriste !
18 février
Neuf heures quinze, gare routière de Cochin
Nous allons prendre un car local pour nous rendre à Munnar.
The car : il s’agit d’un gros car rouge et jaune des années 1950. La rouille l’envahit. Les sièges en Skye usé vont nous coller à la peau. Les banquettes sont dures et le siège du conducteur est complètement défoncé. Il se console avec des chiffons.
Nous nous entassons avec nos bagages. Nous avons la chance d’être assis. Ce n’est pas le cas de tous. Le moteur vrombit, tout vibre. Le véhicule n’a pas de fenêtre et c’est une chance. C’est beaucoup plus agréable que la clim.
Nous mettons plus d’une heure à sortir de Cochin puis encore une heure à rouler en traversant des agglomérations. La population s’entasse. Certaines scènes sont pour nous insolites.
Les klaxons sont partout.
Enfin, nous voyons la campagne. Il nous reste deux heures trente de trajet. Sur le bord de la route, parfois, nous croisons des groupes de femmes poussiéreuses qui nettoient les fossés. Certaines dorment le long de la route. Certaines ont installé des gamelles. On dirait une armée de cantonnières.
Nous commençons à monter. La forêt tropicale est autour de nous. Un singe grimpe un fossé. Nous ne connaissons pas les plantes qui nous entourent. Avec l’altitude, l’air est plus frais plus léger. Ce sont les Ghats occidentaux (une chaîne de montagne). Munnar sera à 1600 mètres d’altitude.
Le car peine. Impossible de vérifier la vitesse même si nous sommes assis derrière le chauffeur car le compteur est cassé. L’immense levier de vitesse craque. Nous négocions difficilement certains virages. Pour se croiser, le conducteur doit parfois effectuer des marches arrière.
Et puis, c’est arrivé : dans une épingle à cheveux très pentue un gros craquement nous surprend. Il nous semble que la première vitesse a sautée. Le chauffeur s’acharne au milieu des klaxons. Nous bloquons la circulation dans les deux sens. En vainc. La grosse carcasse ne veut plus bouger. Des chauffeurs descendent des véhicules qui nous entourent. Chacun semble vouloir donner son avis. Nous ne comprenons pas. Des calles sont posées et nous devons descendre avec nos bagages. Une ultime tentative est infructueuse. Boîte à vitesse cassée ?
Nous voici tous, une trentaine de personnes, posés avec les bagages dans le fossé. Je ne vois pas comment la solution pourra rapidement arriver même si le chauffeur nous dit qu’un autre bus va arriver. Quand ? Je propose plusieurs fois à Patrick de nous installer plus loin en auto-stoppeurs mais il hésite.
La solution vient à nous. Une jeep s’arrête. Nous montons six personnes et finissons la course d’une vingtaine de kilomètres pour deux cents roupies (soit environ quatre euros).
Le paysage change. Nous découvrons les plantations de thé. C’est simplement magnifique, le vert des feuilles de thé, la végétation en fleurs. La montagne est splendide.
Nous avons réservé une chambre d’hôte chez Aïda (vu dans le guide du routard). La famille nous accueille très gentiment et nous propose de l’eau minérale. Ils louent quelques chambres. Ils vivent mais ne semble pas faire fortune. Roy (le mari de Aïda) est un indien maigre et étroit au sourire agréable et accueillant. Comme sa famille, il est habillé de tissus usés.
Même si les draps sont élimés et si le robinet de la douche nous reste dans les mains, tout est propre et tout va bien.
Nous irons nous promener sur le marché. C’est un marché couvert de tôles avec un sol en terre battue. Les produits s’entassent, les passages sont étroits et encombrés. Nous ferons le plein d’épices. Nous croiserons un couple de français qui nous offrira un massala chai dans un petit café. Ici, le contact est spontané. Ils sont très sympathiques.
MUNNAR 19 février
Roy nous serre gentiment le petit déjeuner en nous installant une vieille table en plastique devant sa maison. Confiture à l’ananas au programme.
Nous décidons de marcher un peu dans la montagne. Nous empruntons une petite route calme, sans circulation. Ceci nous éloigne du tumulte habituel.
Nous longeons les plantations de thé, les cultures de cardamone, traversons une épaisse forêt. Ici, nous sommes loin de la clameur du monde. Tout est reposant. Le temps s’étire. La nature est splendide, éclatante.
Nous traversons un petit village. Si la nature est riche, il n’en est pas de même pour les habitants. Les habitations sont en matériaux de récupération. Le linge usé et triste pend le long des murs. Des femmes lavent dans des sceaux posés sur le sol. Nous remarquons une minuscule boutique où sur de vielles planches quelques objets sont mis en vente.
Nous croiserons des ouvriers, des paysans, des femmes qui cueillent les feuilles de thé. Dans la tristesse de leurs habits, ils ont une vraie beauté car leur sourire en nous voyant est franc et spontané. Ils nous saluent avec beaucoup de gentillesse. Leur sourire exprime la douceur plus que la gaité. Nous nous sentons complètement en sécurité.
Nous trouverons le long de la route un restaurant avec une superbe vue. Les serveurs sont heureux de pouvoir discuter avec nous. Ils sont originaires du Kérala et sont venu ici pour travailler.
Pour raccourcir notre retour nous interpellons un rickshaw (ils se font rare ici). Il a déjà un client. Qu’à cela ne tienne. Nous nous serrons.
En chemin, dans un village nous avons photographié des villageois et promis de leur envoyer les photos. L’adresse est notée.
Après ces quelques heures de marche, nous sommes heureux de pouvoir nous reposer chez Aïda.
20 février
Huit heures. Nous sommes à la gare routière de Munnar. Nous voulons rejoindre Madurai. Devant nous, sans aucun espace de protection, un gros car essaie ses freins. Il accélère et freine plusieurs fois dans la poussière.
Nous chargeons nos sacs. La route commence. La montagne est de plus en plus belle. Nous bénéficions d’une très belle lumière. Toujours les plantations de thé (la plupart appartienne à Tata). Les hommes répandent des traitements, les femmes cueillent.
Cardamone, fleurs de toutes les couleurs.
Un lac scintille au loin.
Le paysage est somptueux.
Notre vieux car avance lentement. Le chauffeur conduit plus calmement que notre précédent conducteur. La mécanique pourra peut-être lui résister.
Les descentes sont impressionnantes. Les freins pleurent en permanence. Quelques frayeurs puis nous nous laissons aller dans le mouvement.
Deux heures plus tard, nous pénétrons dans l’état du Tamil Nadu. La frontière est passée. Nous faisons une pose dans un petit village aux multiples échoppes petites, rafistolées, usées, proposant essentiellement de quoi se restaurer.
Une descente de quarante cinq minutes commence. J’ai confiance au chauffeur mais moins en sa mécanique. Les feins sifflent. La montagne s’impose. Trois singes assis au bord du fossé nous regardent passer puis se sauvent. La vue est grandiose, sensations fortes garanties.
Puis, la plaine s’étend devant nous avec ses plantations de canne à sucre, maïs, riz, cocotiers et ses troupeaux de chèvres et moutons. L’air est redevenu lourd.
A Theni, dans la gare routière animée, bruyante, nous trouvons facilement et rapidement notre correspondance. Le car est bondé pourtant, nous pouvons monter. Le contrôleur fait lever deux personnes pour que nous ayons une place assise au fond sur la banquette. Cette proposition nous met mal à l’aise mais nous n’avons pas le choix.
Après cinq heures trente de route, arrivée à Madurai. A peine descendu du véhicule, nous sommes happés par un rabatteur. Il nous monte dans un rickshaw. Nous n’avons pas pu réserver d’hébergement (ceux de nos deux guides affichaient complet).
Le rickshaw nous arrête devant un bel hôtel (Le Royal Court). C’est avec un look chiffonné et nos sacs à dos que nous serons acceptés sans problème dans cet établissement (nous devons tout de même avoir des looks de bonnes cartes bancaires).
Nous logerons ainsi dans une grande chambre salon au sol en marbre et à la décoration standard mais raffinée. Au loin, le tumulte de la ville. Ce confort nous repose.
Nous logeons à côté du grand temple de Madurai. Ces quatre portes s’imposent dans toute la ville. De la terrasse de notre hôtel, nous pouvons les admirer.
Visite du temple dans l’après-midi : il est immense, coloré. Nous sommes surpris d’y croiser un éléphant. Certains visiteurs lui mettent des pièces dans la trompe et se laissent bénir par l’animal. Il y a de nombreux pèlerins. L’espace du rituel religieux nous est interdit.
MADURAI 21 février
Une bonne nuit réparatrice.
Nous décidons de retourner au temple. C’est dimanche, il y a moins d’activité dans les rues, moins de circulation, plus de calme. Les mendiants sont toujours présents. Certains sont d’une maigreur qui n’appelle à aucun commentaire.
Aujourd’hui, nous demandons les services d’un guide en français. Nous déambulerons avec lui dans les divers espaces du temple durant plus d’une heure. Six hectares, milles sept cents colonnes, des milliers de statues. C’est intéressant, soit un peu sommaire mais pour nous qui n’avons aucun savoir, c’est suffisant.
Mis à part son grand temple, Madurai ne nous attire pas. Nous visiterons également le mémorial du mahatma Gandhi, musée un peu démodé dans sa présentation mais restant intéressant.
C’est donc dès notre arrivée à Madurai que nous nous sommes occupés de la réservation de billet de train pour ce soir. Le système de transport ferroviaire a une organisation complexe. Nous avons du aller deux fois à la gare hier pour nous inscrire sur des listes d’attente.
Enfin, cet après midi, un employé de la gare nous confirme que nos deux couchettes nous sont attribuées sur le train de nuit pour Madras (ce soir à vingt heures quarante cinq).
Nous avons pris la précaution de demander la catégorie la plus luxueuse. En la découvrant ce soir, il est difficile de parler de luxe. Le confort est sommaire, la propreté un peu approximative. Nous avons donc fait le bon choix.
Nous voici parti pour Madras car nous voulons rejoindre Pondichéry.
MADRAS 22 Février
Tôt le matin, nous voici dans la gare. C’est à tort que nous suivrons un rabatteur qui nous propose un taxi. L’affaire n’est pas des meilleures. Nous paierons un prix abusif pour monter dans la vieille Ambassadore. Ces vieilles voitures sont courantes en Inde. On les voit partout circuler au milieu du trafic. Elles sont en majorité de couleur blanche.
La voiture n’ira pas jusqu’à Pondichéry. Le chauffeur nous pose en chemin et nous continuerons dans un véhicule similaire jusqu’à destination. La voiture avait-elle vraiment un problème de mécanique ou le chauffeur avait-il décidé de partager la commission bien payée avec un autre chauffeur ? Nous nous permettons de douter de sa sincérité.
PONDICHERY 22 février
Pondichéry : nous découvrons notre logement, une chambre d’hôte que nous avions réservée pour deux nuits avant notre départ. Le lieu est agréable, reposant, on s’y sent bien. Il s’agir de Aurodham Héritage Guest House. Ce lieu anime une galerie d’art et quelques chambres d’hôte. Dans les chambres comme dans les pièces communes, de nombreuses peintures, une décoration raffinée et de bon goût nous entourent. Cette maison se situe dans le quartier français de Pondichéry.
En effet, à Pondichéry, nous découvrons une ville différente. La ville est divisée en deux quartiers : un quartier français et un quartier indien. L’ambiance y est différente de celle des précédentes villes indiennes que nous avons pu découvrir. Dans le quartier français, le monde occidental est présent d’une part par les anciennes constructions coloniales (pour beaucoup très bien conservées) et d’autre part par l’attitude générale, les commerces, les restaurants, son parc. La ville est agréable et nous aimons marcher le long de ces rues rectilignes et charmantes ou le long de son front de mer. Nous dinerons ce soir au restaurant « le rendez-vous ». la langue française est encore un peu ici (sûrement entretenue par un tourisme francophone important).
La journée a été douce et tranquille. Le ciel est resté bleu, sans brume. Il fait chaud mais l’atmosphère est beaucoup moins humide qu’à Cochin.
PONDICHERY 23 février
Après une nuit réparatrice bercée par le bruit du ventilateur, nous prendrons notre petit déjeuner dans la salle à manger, une grande pièce qui veut s’isoler du soleil et qui dégage une lumière douce et apaisante. Ici aussi, comme dans toutes les pièces, des tableaux sont exposés, complètement intégrés au décor.
Nous partageons la table avec un couple de français qui arrive du Sri Lanka. Ils sont maraîchers en produits bio dans la région d’Avignon et passionnés d’herboristerie.
La journée se poursuivra dans le quartier indien puis dans le quartier français au hasard des multiples rues. Quelques photos, quelques achats.
PONDICHERY 24 février
Ce matin, nous décidons de nous rendre sur le marché indien. Au hasard, nous nous introduisons dans cet espace serré, chargé en odeurs, en bruits. Nous sommes avec les marchands de poissons. Cet endroit est particulièrement agité. Le bruit est assourdissant. Chacun expose quelque poisson à la vue d’un éventuel acheteur. Le sol est boueux et je suis obligée de relever mon pantalon. Nous préférons rejoindre le coin des épices et des légumes. L’endroit est plus tranquille. Seules quelques charrettes débordant de détritus s’imposent à la circulation des acheteurs. Nous sommes obligés de nous réfugier sur un étale pour les laisser passer.
Nous rejoindrons ensuite doucement le quartier français et plus particulièrement l’Ashram de Sri Aurobindo. C’est une demeure très zen dans laquelle on rend hommage au poète et philosophe ainsi qu’à sa compagne (une française) La Mère. Cet ashram est une œuvre essentiellement spirituelle mais qui ne semble pas renier la face matérialiste du monde. En effet, c’est aussi une organisation financière puissante. A Pondichéry, toutes les demeures peintes en gris et blanc appartiennent à l’Ashram. Elles sont nombreuses (école…). En 1968, La Mère lance une expérience étonnante. A une dizaine de kilomètres de Pondichéry, Auroville se construit. C’est une cité universelle où hommes et femmes de tous les pays peuvent venir s’installer en paix et en harmonie. Cette ville n’appartient à personne mais à l’humanité. Nous ne pousserons pas notre curiosité jusqu’à ce lieu car nous ne pensons pas pouvoir en saisir le sens lors d’une visite éclair.
Nous achèterons tout de même deux ouvrages de Sri Aurobindo pour nos prochaines lectures.
En début d’après-midi, nous réorganisons nos sacs à dos. Par l’intermédiaire d’Aurodham Héritge Guest House, nous louons les services d’un chauffeur. Il est chargé en fin de journée de nous déposer à l’aéroport de Chenai. Dans l’après-midi, nous souhaitons qu’il nous arrête à Mahabalipuram ou Mammalapuram. Ceci va nous permettre de nous promener sur trois sites archéologiques aux beaux temples indous du VIIéme siècle, Shore temple et Five Rathas. Les sites sont agréables et imposants. Dans la ville, il y a une multitude de tailleurs de pierre. C’est eux qui donnent l’activité au lieu.
Nous remontons dans notre taxi pour rejoindre Madras. La voiture est récente, sécurisée. Dans cet espace aseptisé, je regarde défiler les dernières images que je garderai de ce pays. Que de monde, tout bouge, chacun avance et cherche sa place dans ce tumulte. Les voitures les plus puissantes s’imposent dans la circulation. Au bord de la route des hommes, des femmes. Chacun essaie de suivre son activité. Des scènes sont insolites, certaines complètement désolantes. La vraie misère s’étale au grand jour dans ce grand pays en pleine explosion économique.
Aéroport de Chenai : nous nous restaurons dans un bar à Tapas. Dans ce lieu moderne, climatisé, écran plat, musique occidentale (Rolling Stones, Eagles , The Beattles …)
Jeans et tee-shirts sont de mises. Pas de sari, pas de Panjabis. Il n’est plus nécessaire de cacher la grisaille de la misère par ces beaux tissus éclatants.
A croire que nous sommes déjà loin de l’Inde que nous venons d’humblement croiser.
« Il suffit de considérer leur manière de dire oui. Au lieu de hocher la tête comme nous, ils la secouent, comme quand nous disons non : la différence de geste n’en ai pas moins énorme. Leur non qui signifie oui consiste en une ondulation de la tête (leur tête brune dansante, avec cette pauvre peau noire, qui est la couleur la plus belle que puisse avoir la peau), avec une tendresse, dans un geste empreint de douceur : « Pauvre de moi, je dis oui, mais je ne sais pas si c’est possible », et d’embarras en même temps : Pourquoi pas ?, de peur : C’est si difficile, et même de coquetterie : Je suis tout pour toi. La tête monte et baisse, comme légèrement détachée du cou, et les épaules ondulent également un peu, avec un geste de jeune fille qui vainc sa pudeur et montre effrontément son affection. Vues de loin, les foules indiennes restent gravées dans la mémoire, avec ce geste d’assentiment, et le sourire enfantin et radieux dans le regard, l’accompagnant toujours. Leur religion tient dans ce geste. »
« « L’odeur de l’Inde » de Pier Paolo PASOLINI
Laurence Ponchon-Barège
Coordonnées
COCHIN
Bernard bungalows
1/297 parade Road
Fort Cochin – 682 001
Kerala, S India
Coral Bernard
0484/221 6162
Mob : 984 742 7999
mail@bernardbungalow.com
Arlene Bernard
+91-484-221-6455
Mob : 09961375553
Restaurant Dal Roti
Tél : 919 746459244
krameshmenow@gmail.com
MUNNAR
Chambre d’hôte
AIDA HOMESTAY
Tél : 23 05 42
Villageois rencontrés (pour envoyer photos)
G. CHANDRAN
POTHAMEDU
MUNNAR
Pothamedu postoffice
PIN 685612
INDIA
MADURAI
Royal Court
4 west veli Street
Madurai 625 001
Fax 0452 4373333
royalcourtinfo@gmail.com
Site web : www.royalcourtindia.com
Tél 0452-4356666
Mobile : 93603 29985
Guide en français pour le temple :
Mina 9364388960
Réservation train par internet :
www.irctc.co.in/
(préférer la classe 2A)
PONDICHERY
Aurodham Heritga Guest House
33 rue François Martin
Kuruchikuppam
Pondichéry
India 605 012
Tél : 91 413 2222795 / 2222449
Monsieur Lalit Verma
aurodhan@satyam.net.in
aurodhan@sify.com
J'étais à Cochin. Si tu vas dans le coin, le truc inévitable c'est les "back-waters". Promenade de 24h sur un bateau sur un fleuve super calme. C le paradis.
Sinon plus dans le centre je te conseil "ooty". Ancien lieu de vilegiature anglais. Dans les montagnes, pour ce rafraichir l'été. Très agréable. Dormir au palais, au feux de cheminée. On rapporte des bouillottes ! ;)
bonjour,
en 2007 nous avons passé 6 semaines en Inde du Sud.
A mon avis, et de ce que nous avons visité, à voir absolument:
Madurai pour son temple et son extraordinaire ambiance.
Kochi (fort Cochin) et les back waters (attention moustiques ++) :un peu touristique mais à juste titre, une adresse Rossita Wood Castle très propre et coquet (600 rps en 2007)
Hampi extraordinaires temples alentours, petite ville très agréable et calme, beaucoup de guesthouses basiques, propres et peu chères ( 300/400 rps)
Kanyakumari: coup de coeur car peu touristique, à l'extrême pointe de l'Inde où se rencontrent les eaux de l'océan indien, de la mer d'Oman et du golfe du Bengale; surtout ne pas manquer d'admirer le lever de soleil sur l'océan comme le font chaque matin des centaines de locaux; village de pêcheurs et de pélerinage; hotel Samudra (800/900rps)propre, belle vue.
Nous avons visité le Kérala sous les pluies de mousson (juillet/aout) nous n'avons pas pu l'apprécier à sa juste valeur.
Ne pas oublier Mahabalipuram le village des sculpteurs sur pierre.
bon voyage!